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Avec la multiplication des sources de données, tous les métiers souhaitent les analyser afin d’en déduire des tendances ou des informations pertinentes. Une révolution favorisée à la fois par la transformation numérique des entreprises, l’intégration des solutions dans le cloud et de l’économie des API. Cette révolution a entraîné l’émergence d’une nouvelle catégorie de profils, les Citizen Integrator, et de nouveaux outils (iSaaS).

 

Traditionnellement, l’intégration de données est une tâche réservée à l’IT. Ce service assure la connexion des applications et l’intégration des informations entre les systèmes. Les outils utilisés pour construire des solutions d’intégration sont des applications ESB (Entreprise Service Bus) ou EAI (enterprise application integration) plus ou moins complexes. Elles nécessitent entre autres des connaissances en programmation et une maintenance coûteuse.

Mais les entreprises sont entrées dans une nouvelle ère. La data est partout. Omniprésente. Sous l’impulsion de poids lourds comme Amazon Web Services et Microsoft Azure, tous les services d’une entreprise peuvent stocker, traiter et explorer les données.

Malheureusement, le service informatique n’est pas toujours en mesure de gérer à la fois le nombre croissant de sources de données et la multiplication des demandes des collaborateurs. Ce service apparaît, à tort ou à raison, comme un goulot d’étranglement. Résultat, il faut parfois attendre des jours, voire des semaines, pour accéder aux données dont on a besoin pour préparer un projet.

Do-it-yourself (DIY)

D’où la décision de nombreux métiers de gérer eux-mêmes l’intégration et le traitement des données au sens large du terme. Ils endossent alors la fonction de Citizen Integrator. Le cabinet d’analystes Gartner le définit comme un utilisateur opérant en dehors du cadre de l’informatique traditionnelle et de sa gouvernance.

Cette tendance devrait s’accentuer dans les prochaines années. Alors que la numérisation accélère la transformation des entreprises, les utilisateurs exécutent en effet de plus en plus de tâches en libre-service. Et ce pour intégrer les données et les applications à l’aide de l’Integration Software as a service (iSaaS). Il s’agit de logiciels d’automatisation en ligne dont les plus connus sont IFTTT et Zapier. En proposant des API en libre-service, ou via des abonnements payants en ce qui concerne Zapier, ils mettent à la portée du plus grand nombre des fonctions de gestion de flux, restées pendant longtemps l’apanage des grandes entreprises.

Ces solutions permettent ainsi d’adopter une approche DIY (do-it-yourself). Les intégrateurs citoyens construisent de nouveaux flux d’intégration en les configurant plutôt que de les construire à partir de zéro. Avec l’iSaaS, les collaborateurs peuvent s’appuyer sur l’automatisation pour devenir plus autonomes. Ils peuvent personnaliser les outils en fonction de leurs goûts et de leurs objectifs.

Mouton à cinq pattes ?

Les Citizen Integrator peuvent aussi bénéficier des capacités de réutilisation conçues par les développeurs. Cette approche consolidée de l’intégration aidera les deux parties et évitera la multiplication des silos d’intégration.

Mais tout le monde ne peut prétendre devenir Citizen Integrator. Schématiquement, le profil ad hoc est celui d’une personne qui possède déjà une solide expérience de la data et qui, en plus :

  • Comprend les rouages et les particularités de l’entreprise ;
  • Sait les besoins des clients ;
  • Comprend le sujet lié à un processus d’affaires ;
  • Connait les exigences en matière de données.

D’aucuns estimeront cette brève description revient à chercher un mouton à cinq pattes ! Peut-être, mais elle indique surtout que le Citizen Integrator doit intégrer la dimension humaine dans sa démarche et ses projets. Comme nous le disions au début de cet article, la data est partout et tout le monde en consomme au sein d’une organisation. La gestion des données est donc devenue un sport d’équipe. Et comme dans toute équipe, chaque personne doit comprendre son rôle et jouer collectif sur les conseils d’un meneur. Au-delà de l’intégration de l’information, il s’agit de comprendre les attentes de l’équipe. Et ce pour obtenir les données les plus précises possible (et par la suite, des idées).

Insécurité

Comme la gestion des données est souvent partagée par plusieurs équipes, il est important qu’elles s’entendent sur un processus pour certaines des interactions.

D’autres aspects nécessitent une attention particulière. Les Citizen Integrator ne comprennent pas toujours les principales problématiques liées à la sécurité informatique. Or, les entreprises font face à un dilemme : comment encourager l’analyse des données par le plus grand nombre – afin de favoriser le développement de l’entreprise – tout en évitant les fuites de données et les accès malveillants qui entraineraient une perte d’exploitation ?

Les organisations doivent repenser leur approche de la sécurité informatique et leur gouvernance des données. La multiplication du recours aux applications en ligne (mode SaaS) et aux API nécessite l’ouverture de nombreux « ports » dans le réseau informatique. Il est indispensable de savoir qui y accède et à quoi il accède. L’équipe chargée de la sécurité informatique doit également veiller à ce que les collaborateurs n’emploient pas des applications truffées de vulnérabilités et qui pourraient être exploitées pour un piratage. Sois prétexte de ne pas attendre le feu vert de l’équipe IT pour utiliser un logiciel en particulier, des métiers peuvent être tentés d’aller plus vite en installant eux-mêmes une application gratuite et simple à utiliser. Mais cette alternative gratuite garantit-elle la confidentialité des données analysées ?

Les Citizen Integrator représentent une occasion importante pour les entreprises de renforcer leur savoir-faire et leurs compétitivités. Mais ils doivent être sensibilisés aux risques numériques afin de ne pas mettre en péril leur organisation.

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